Design : La Maisonnée d’Audrey Belin

 

Audrey Belin est une créatrice dans l’âme. Designer, elle imagine jour après jour de nouveaux objets, à la fois espiègles et malicieux. C’est dans cet esprit qu’elle a créé sa propre marque : Maisonnée. Rencontre avec une jeune femme passionnée.

COURTOISES-crédit-DAVID-LEMONNIER

 

 

Comment est née Maisonnée ?

Sans forceps, Maisonnée est née d’une évidence. L’envie d’avoir en main le développement total de mes projets et dans une même entité,  de les voir cohabiter, raisonner ensemble, composer un univers. Avec Maisonnée, j’ai pu me construire un outil de travail en totale adéquation avec mon éthique et mes envies. Mon bonheur de rencontrer et de discuter avec les fabricants m’a naturellement dirigé vers une production exclusivement française. Il est plaisant que tout le savoir qui mène aux objets Maisonnée soit rémunéré de façon respectueuse. Maisonnée est mon terrain de jeux et j’en fixe les règles, c’est un merveilleux cadeau que je me suis fait là.

 

Quel est votre parcours, comment êtes-vous devenue designeuse ?

Il n’y a pas de féminin au mot « designer », ce qui n’est pas un mal à mon sens. Je comprends le combat des féministes pour que les noms masculins décrivant un métier puisse s’envisager en version féminine, mais je trouve que cela les rend moins percutants, moins structurés. Je suis Designer, c’est un mot désignant un rôle, une fonction et le sexe de la personne l’exécutant n’est que peu important, aussi la désignation générale (donc masculine) me plait. Je crois m’être toujours ressentie designer, à l’instar d’une fourmi qui est conçue pour une fonction, alors certes je n’ai pas autant de pattes et de force qu’elle, mais j’ai moi-même toujours ressenti qu’il n’y avait qu’une voie pour moi. Quand mes camarades se rêvaient maitresse d’école, éleveuse de poney ou de dauphins, moi je voulais déjà faire des cafetières! Aussi pour que cette voie me soit possible j’ai fait des études en ce sens. Un Bac Arts Appliqués, au Lycée de Sèvres, puis 2 ans en mode (une douce entorse à mon programme d’études) à Duperré, puis j’ai intégré les Arts Décoratifs de Paris en section design d’objets.

 

Comment définiriez-vous votre style ?

Ah, cela est une question complexe quand elle s’applique à soi. On fait les choses, il est difficile de trouver des mots pour définir son propre travail. Je vais tout de même me risquer à l’exercice, je crois faire des objets espiègles, avec un brin de magie, de malice. Je tente d’apporter un sourire, un questionnement, une interaction affective avec l’utilisateur.

 

Où trouvez-vous votre inspiration ?

Je ne cherche pas l’inspiration, dessiner un objet est un acte quasi naturel pour moi, voire un besoin. Certains s’expriment en mots, en chansons, moi en objets. Aussi, mon inspiration est le résultat de ma culture personnelle, de mes lectures, sensations, questionnements, réflexions, rencontres, amusements … De tout ce que mon regard est amené à croiser.

 

Quels sont les designers célèbres que vous appréciez ? Vous en inspirez-vous ?

Il n’y a pas de designer en particulier, mais de façon aléatoire des projets retiennent mon attention… Je suis par exemple avec plaisir le travail des étudiants ou des designers issus de l’école d’Eindhoven, souvent moins bridé que dans les écoles françaises. J’aime aussi l’univers d’Inga Sempé, dont j’ai été l’assistante durant un peu moins d’un an, notamment sa façon d’intégrer de la technique au sein du quotidien. Je voue également un culte au mouvement Memphis, cela n’est pas raisonné car faisant partie de mes « idoles de jeunesse ». Le ton du design de Droog et Front Design me séduit beaucoup aussi.  Il est difficile de savoir si je m’en inspire, mais évidemment tout ce que je vois me nourrissant, il se peut que cela soit digéré par mon inconscient et ressorte parfois au sein de mon propre travail.

 

Quelle est votre création fétiche ?

La Radio-Gerbille, une radio qui fonctionne grâce à l’énergie que crée une gerbille dans sa roue ; l’énergie propre que fournie la gerbille par cet effort, qui lui est nécessaire pour être en bonne santé, est stockée et l’utilisateur peut en disposer quand bon lui semble. Elle sera dans quelques mois éditée par Maisonnée.

 

Quelles sont les prochaines créations sur lesquelles vous travaillez ?

Une série de patères, une carafe, une coupe à fruits et une horloge ainsi qu’aux dernières mises au point d’une exposition qui permettra de découvrir les objets Maisonnée au sein de la galerie des Ateliers de Paris (du 1 avril à la mi-mai).

 

crédit-DAVID-LEMONNIER

 

Crédit NICOLAS FAGOT

 

Propos recueillis par Quitterie Pasquesoone

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