Elle fut aussi longtemps connue sous le nom de Port de Tombouctou, forte de sa « renommée », elle devient le haut lieu du commerce atlantique, entre l’Afrique et l’Europe. A la fin du XVIIIe siècle et durant le XIXe, Mogador est passée du pourpre de Rome, à Essaouira au bleu mythique qui lui va si bien. Les îles purpuraires, au large de sa côte, offraient à profusion le Murex, petit coquillage, riche d’un colorant rouge. Les romains la courtisèrent alors. Découverte par les phéniciens, les marchands exploitaient les murex à la cour de Rome pour offrir aux toges, plus belles teintures d’un pourpre flamboyant. Par les échanges de sel et d’or, les juifs berbères, entre autres, ont fait de cette bourgade un haut lieu du commerce et du travail de l’or et l’argent. Les portugais battant pavillon y construire la première citadelle à l’entrée du port, pour ensuite être fortifiée « à la mode Vauban » par les français.
Sa médina aujourd’hui lovée dans l’enceinte des remparts conserve les trésors d’une histoire passée. Touchez la pierre vous y sentirez les embruns marins, la marque des civilisations et d’une population riche de sa diversité. Aujourd’hui elle reflète ses traces de lumières. L’art y est majeur, l’âme d’Essaouira se respire au sens du sacré. Elle vous bouscule au plus profond soit par les musiques du monde, depuis la tradition gnaoua venue d’Afrique noire aux chants arabo andalous, soit par le talent incontesté des peintres locaux dont elle est la muse. La belle ensorceleuse exhibe son charme atypique. Les artisans pris aussi par une sorte de transe que dégage l’odeur du tuya, perpétuent la tradition artisanale du Maroc, laissez-vous aussi guider au détour d’une ruelle à la rencontre de leurs créations, ébénisterie, bijoux…
Catherine Bendayan
