Le luxe, un secteur qui emploie mais ne forme pas assez

Le Luxe emploierait plus de 100 000 personnes en France, mais la formation de ces métiers d'art ne serait pas assez valorisée.

 

 

 

 

 

Alors que l’emploi est un des gros problèmes de notre société, et que le secteur de l’artisanat de luxe – « un secteur qui ne connaît pas la crise » – reste assez mal perçu par les victimes des problèmes économiques actuels, la filière du luxe emploierait plus de 100 000 personnes en France selon Emilie Piette, sous-directrice de la mode, du luxe, des biens de consommation et du design au Ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’emploi.

 

 

 

En effet, la sous-directrice a expliqué, lors d’une table ronde pour le 11ème sommet du Luxe et de la Création, que « les emplois perdus chez les façonniers du textile ont été compensés par ceux créés grâce à l’essor de la maroquinerie ».

 

Les emplois ne sembleraient donc pas atteints par la crise des marchés boursiers, mais concernant la formation des futurs artisans du luxe, le sujet est plus délicat.

Reconnu internationalement, le savoir-faire français des métiers d’art est en effet menacé aujourd’hui, puisque qu’il reste difficile à transmettre. Le savoir, la minutie et l’habileté des « petites mains », celles qui taillent, façonnent, découpent, piquent… les plus belles pièces de luxe, ont du mal à trouver des apprentis.

La faute principalement à une dévalorisation du secteur, pour beaucoup de parents les métiers manuels ont une mauvaise image, parfois référencé à un métier dit « ouvrier », et ne sont pas des métiers d’avenir.

Ainsi beaucoup d’entre eux incitent leurs enfants à continuer des études théoriques, plutôt que de se lancer dans l’artisanat.

 

L'institut supérieur des arts appliqués (ISAA) forme des professionnels de la mode et du textile

 

Si il en est ainsi, c’est, pour certains, que le secteur n’est pas assez valorisé par l’Etat, comme l’explique Sébastien Barilleau, brodeur, directeur artistique de l’Atelier Cécile Henri et co-auteur des 10 mesures pour réinventer le luxe et son économie, « quand un élève qui s’ennuie en classe a une passion pour un métier manuel, c’est absurde de ne pas le laisser s’exprimer dans cette voie ». Et ce, ajoute le Centre du luxe et de la création, parce que « le luxe n’est pas considéré comme une filière à part entière » et qu’il « ne bénéficie pas des outils d’orientation nécessaire au repérage et à la mise en réseau de ses acteurs. »

En effet, nombre de jeunes souhaiteraient travailler dans la mode et selon Mme Piette, ce savoir-faire fait partie de « l’ADN » des Maisons de luxe françaises, et la France se doit de tout mettre en œuvre pour le conserver et le faire perdurer.

Ainsi, l’idée de créer une filière de formation aux métiers d’art et du luxe, accessible en université, a été approuvée par plusieurs des participants de la table ronde. Un diplôme type « master » qui pourrait peut-être changer les choses et, à terme, permettre à ce secteur de recruter des modélistes prototypistes – ceux qui permettent de passer d’une idée à sa réalisation concrète –, actuellement difficile à trouver.

 

Robe Chanel, réalisée par la maison Lemarié, société appartenant à Paraffection, elle-mêmecréée par Chanel lors de son rachat d'ateliers du luxe

Et parce que ce problème de transmission touche également la direction des entreprises de luxe, la Chambre des Commerces et de l’Industrie de Paris (CCIP) a lancé une initiative dans le but d’« accompagner les chefs d’entreprise dans leur projet de passer la main », soit «  dans les démarches de la recherche d’un repreneur », a expliqué la sous-directrice.

D’après elle, c’est un « enjeu important » dans les métiers du luxe, puisque« sur 210 entreprises de métiers d’art dans la région de Paris, il y en a 170 qui veulent passer la main dans les cinq ans ».

De plus, à en croire Jean-Michel Delisle, directeur de la célèbre fabrique de luminaire qui porte son nom, c’est en effet sur les 217 métiers d’arts officiellement répertoriés en France – et dont 95% de ces entreprises comptent moins de 3 salariés – que la commission publique doit s’exercer si elle veut redorer le blason des artisans du luxe de France.

 

Aicha Neddaf, première d’atelier prêt-à-porter modéliste chez Christian Dior Couture ©Sophie Carré

 

Alain Ffigaret, spécialiste de la chemise en France

 

Emplacement d'une broderie sur une robe-atelier Lesage ©Paraffection

 

Un film sur le quotidien des "petites mains" chez Hermès

 

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