La France a inventé la Haute-Couture et a codifié le monde de la mode pendant un siècle, ignorant qu’au-delà des Champs-Elysées existaient d’autres arts du vêtement, d’autres façons de glorifier la beauté féminine. C’est pourtant la France qui éveilla chez une toute jeune femme, Souad Chraïbi, une vocation qui allait donner naissance à ce qui est, aujourd’hui, l’une des plus grandes maisons de couture marocaine.
Toutes les belles histoires ont un commencement, un événement à partir duquel un destin bascule et change une vie pour toujours. Pour Souad Chraïbi, ce fut une de ses enseignantes particulières qui suscita chez elle, à dix-huit ans, la passion de manier l’aiguille. Exerçant son savoir-faire sur tout ce qui pouvait être prétexte à création, elle montra une prédisposition pour l’art délicat de la broderie. Elle entra chez le grand brodeur François Lesage et en ressortit diplômée, avec la volonté irrésistible de se consacrer désormais à la couture.
De retour au Maroc, elle décida d’habiller les femmes avec un raffinement et une modernité jusqu’alors inconnues. Puisant dans ses racines autant que dans l’avant-gardisme parisien, elle traça les premières lignes de ce qui deviendrait son style : un mélange de poésie et de réalisme, de luxe et de simplicité, de pudeur et d’audace. « La marocaine a cette grâce innée, elle sait jouer comme nulle autre avec le caftan, le porter, le tenir, le retrousser… Un art très sensuel transmis de mère en fille depuis des générations », explique-t-elle…
