C’est avec le défilé Valentino que la Fashion Week Haute Couture s’est close ce mercredi soir à Paris. Les directeurs artistiques Maria Grazia Chiuri et Pierpaolo Piccioli signent une collection printemps-été 2016 qui invite au voyage, de l’Orient moderne à l’Antiquité grecque, pleine de références artistiques.
Les défilés Valentino ont ceci de particulier qu’ils invitent au voyage et suscitent l’émotion. La collection Haute Couture printemps-été 2016 de la Maison italienne, qui s’est tenue ce mercredi 27 janvier à l’hôtel Salomon de Rotschild, est allée encore plus loin dans cette quête du merveilleux. Une fois de plus, le duo artistique Maria Grazia Chiuri et Pierpaolo Piccioli nous a littéralement transporté.
Pieds nuds parés de bijoux, les mannequins se promènent doucement sur un sol recouvert de pétales et de feuilles mortes, coiffées de serpents d’or style Eden, sur un air de Debussy et de Ruby Philogène. L’atmosphère onirique qui se dégage, promet de nous offrir un spectacle unique, hors du temps…
Une leçon d’art et d’histoire
Au coeur de l’inspiration de ce défilé, l’esprit de Mariano Fortuny y Madrazo – artiste, couturier et créateur de textile d’origine espagnole, qui fit sa fortune à Venise. Et notamment sa fameuse robe Delphos, inspirée de l’Aurige de Delphes, en satin de soie plissé, qui révolutionne la mode de l’époque par sa coupe. Nature, légèreté et liberté de mouvement sont les mots d’ordre de cette collection, qui propose des créations à la fois intemporelles et très modernes.
De longues robes de déesses grecques aux plissées asymétriques côtoient des robes droites, décorées de harnais couleur bronze, de parures dorées à l’or fin, ou autres bracelets aux inspirations antiques. Ces bijoux, signés Alessandro Gaggio et Harumi Klossowska de Rola – la fille du peintre Balthus, ont fait sensation. De quoi faire tourner la tête des plus pieux du Mont Olympe…
Une esthétique à la fois sobre et mondaine, ancrée dans la technicité et l’expertise propre à la Haute Couture. Les structures sont fluides sans être trop lâches. La palette de couleurs offre une opulente combinaison de riches couleurs crème, de verts et de bordeaux resplendissants.
Les mousselines semi-transparentes, les décolletés plongeants et les caftans ornés de perles sont portés à même la peau, si bien que celle des mannequins reste souvent découverte. Le tout demeure pourtant vertueux et d’une grande sérénité.
Un retour à la nature
Entre orientalisme byzantin et classicisme occidental, la richesse des matières, des formes et des couleurs offrent un mélange extraordinaire : manteaux brodés de style kimono, imprimés dragons, papillons, et serpents, tuniques de tulle imprimées d’or, appliques en velours, ornements orientaux, longues capes vaporeuses…
Maria Grazia Chiuri et Pierpaolo Piccioli parlent d’un désir d’abattre les structures et les obstacles culturels pour un retour à la nature, de « retrouver le contact avec la terre, qui est la forme la plus authentique et personnelle d’équilibre intérieur », selon eux.
Ce défilé Valentino, qui clos la Fashion Week Haute Couture, parle de beauté, d’artisanat, de quête sensorielle. La couture ne peut pas faire mieux que cela.
Victoria Hidoussi