Ce célèbre photographe affectionne les architectes, architectes d’intérieurs et décorateurs d’intérieur, il les connaît, cela fait des années qu’il les traque en voyeur fouilleur de détails photogéniques pour médias internationaux. C’est ce que l’on appelle un pro. Mais voilà, derrière ces photographies glacées, ces reportages formels, ces représentations agencées, qui-y a-t-il ? « Allons voir plus loin » se dit Fred, en agitateur de consciences, en décodeur d’intérieurs !
Il lui faut absolument jongler avec les hommes, aller vers plus de spontanéité, d’équanimité, quitte à forcer le trait; traverser l’affect, contourner la mélancolie, rejeter la crainte: courir sur le fil du rasoir de la dérision de soi-même. Mais, pour traverser la bulle narcissique, ne serait-ce pas une bonne tactique que d’y plonger à bras-le-corps ?
Frédéric est fin stratège. C’est en amplifiant les miroitements de ses modèles qu’il finira par suggérer la rupture; par approfondir les puissances et les failles, par mettre à jour ce qui sans aucun doute influence le travail conséquent de ceux qui ont accepté de jouer le jeu de cette introspection photographique. C’est alors qu’émergea la rencontre souhaitée. C’est aussi par cette implication croisée, par cette théâtralité ludique et soi-disant décalée que se révélèrent intensément les personnalités finalement mises en scène par elles-mêmes, par-delà tout désir de reconnaissance et de pesante avidité. Susciter l’excès dans le but du lâcher prise, telle fut l’approche féline de ce photographe en quête de sens ; disponible à fixer l’imprévu, le hasard, le visible autant que l’imperceptible. Ces portraits sont le fruit de l’implication des deux parties, de ces complicités ayant évité le piège de simples et banales représentations. Prendre le risque de se contrefaire soi-même est pour Frédéric l’atout majeur d’une libération de l’égo, d’une réelle conciliation avec soi, avec l’autre, sans aucun jugement de valeur. La sensation du répétitif, la préoccupation sociale et mesurée de son travail quotidien de preneur d’images, l’ont finalement imprévisiblement conduit à cette ouverture d’esprit, à cette recherche de sincérité salvatrice particulière, cette créativité moins imperméable à l’étrangeté qu’il suscite ici chez ceux qu’il vise de son regard intrusif et tendre. Frédéric Ducout est un médiateur-transversal, un traveller trans-social en recherche de panoramas humains ; l’outil faisant office de cabine spatiale. Il nous livre ici 18 récits de voyages. Superbe !
LES PORTRAITS :
Agnés COMAR, Alidad Diana BALACHOVA, Christine BEKAERT, Christophe GOLLUT, François CATROUX, Hilton Mc CONNICO, Hilary LANCASTER, Giovanni MALLERBA DI BUSCA, Ilia SOLOGUBOVSKI, Jean ODDES, Jean-Michel COSNUAU, Lionel JADOT, Ligia CASANOVA, Pascal ALLAMAN, Roméo SOZZI, Sergei EFIMOV et Tarfa SALAM.
Et photo de F.Ducout en une : Hilton Mc CONNICO « La créativité est une force non contrôlable. »
Exposition : FREDERIC DUCOUT, INTERIOR DIVA’S #1 – PORTRAITS
GALERIE FRANGULYAN, 105, rue Quincampoix, 75003 Paris.
Du jeudi 7 au samedi 16 septembre 2017 – de 15h à 19h (fermée dimanche et lundi)