“I am a romantic schizophrénic”
Lee Alexander McQueen
Démiurge d’une mode révolutionnaire, Lee Alexander McQueen n’a eu de cesse d’inventer des créatures gothiques à la féminité exacerbée… De dessiner des silhouettes fantasmées de l’Angleterre victorienne, du cinéma et de la nature… Et bien sûr, de cultiver une esthétique sexuelle provocante souvent crue. Pour ce créateur hors-normes et à contre courant, le romantisme torturé était son manifeste et les podiums, sa tribune d’élection. Incarnation de la désinvolture stylistique, la femme McQueen symbolisait alors l’extravagante… Transcendée par la dimension théâtrale des défilés, elle surgissait en personnage fantasmagorique sortie du chapeau magique de son conteur. Tel l’hologramme de Kate Moss qui explosait le final du défilé automne-hiver 2006. Dans cette scénarisation numérique avant-gardiste, l’éternelle icône flottait entre évanescence et omniprésence. Elle célébrait dans le même temps le goût du paradoxe et du mystère de Lee.
Le Maestro anglais provoquait, choquait et dérangeait. Car Lee réussissait en même temps à insuffler une force hypnotique à sa muse ! Juste en lui faisant jouer la confusion des sentiments : la tristesse, le bonheur, le désespoir. Un talent distillé entre noirceur et lumière avec un fort penchant pour le dark-side. De ce sceau était marqué sa toute première collection en 1996. Puisque des ramifications de cheveux humains incorporaient la doublure des manteaux ! Génie flamboyant du ciseau, visionnaire époustouflant, Lee Alexander McQueen était capable d’ériger une robe de mariée à partir d’un costume en deux coups trois mouvements. Ce tailleur coupait ses créations au scalpel avec la foi d’un savant-fou, l’impact d’un météorite et le talent d’un art-performer qu’il était ! En 2010, Lee Alexander McQueen disparaît tragiquement et Sarah Burton se fait sacrer en ses lieux et places. Elle jure fidélité à son mentor dont elle était l’arme secrète depuis 14 années. Car, formée depuis toujours dans les studios londoniens d’Alexander McQueen et diplômée de la célèbre Saint Martins College of Art and Design de Londres en 1997, Sarah Burton était une main d’or dans l’ombre.
Virginie Cohen-Scali