Lundi 4 juillet 2016, Fashion Week Paris Haute Couture Automne-Hiver 2016/2017.
Cultiver les paradoxes d’une personnalité éclectique pour en extraire l’essence d’un style. Elsa Schiaparelli excellait dans la maîtrise de l’oxymore. Une silhouette pure aux lignes incisives se trouve chahutée par une vision de l’ordinaire mu par le prisme du spectaculaire. Une femme de caractère à l’allure résolument parisienne teintée d’une fantaisie toute cosmopolite.
De la célèbre collection Cirque de l’été 1938, la parade céleste de cette saison garde l’idée de brillance, de lumière, de couleur et de corps sublimé. Haute Couture et univers circassien cristallisent la précision du geste et l’éclat des atours. L’imagination prend le relai. Un monde relevant du merveilleux prend vie. La grâce et la force sont à l’unisson dans cet équilibre ténu où la femme se révèle séductrice assumée.
La veste Schiaparelli devient architecturale. Lignes d’épaules marquées voire déboitées empruntent à l’esthétique constructiviste. Smokings et combinaisons-pantalons noirs, marines ou rose shocking croisent féminité et verticalité. Légèreté, transparence et fluidité étincèlent de tension quand l’étoffe joue au trapèze sur le corps drapé de robes le voilant et dévoilant avec sensualité et audace.
Les brocarts-enluminures, les soies lamées et la panne de velours irisée invoquent une attitude altière où la fausse pudeur conjure la pureté de la coupe par le biais de l’ultra-court, fendu ou échancré. En filigrane, des bretelles-bijoux évoquent le Cirque de Calder. L’incandescence des soleils de la place Vendôme irradie vestes et robes longues. À la composition graphique de l’arlequin se substitue la déconstruction d’un lavis de broderie multicolore. La piste aux étoiles inspire une voie lactée où les codes de la Maison, tel le cœur transpercé et le cadenas, dessinent de nouvelles constellations mythologiques.
Visuels : Schiaparelli
www.schiaparelli.com