Cet artiste talentueux né au Japon et vivant à Paris travaille régulièrement pour des magazines de mode et lifestyle, et notamment au Madame Figaro , dont il anime une page humoristique appellée « Oh les filles ! par Antoine Kruk » .
Son exposition « Impossible Parisienne » regroupe une soixantaine de dessins récents et tente d’illustrer différentes facettes de la parisienne contemporaine.
Elle conjugue désormais sa féminité avec un faux air délicieusement négligé, un vestiaire masculin, un perfecto tel une armure de cuir, un jean seyant, des bottes de sept lieues ou des stilettos qui piquent et brillent. Une carapace protectrice, une allure guerrière ou encore rock and roll, d’où néanmoins elle laisse avec nonchalance dépasser le bord cisellé d’un soutien-gorge.
De ce Paris « carte postale « où l’on s’empresse bien trop souvent de la faire poser dans une petite robe sage, un verre d’ivresse à la main, rêveuse et mélancolique, Elle, fuyant ces clichés qui se ramassent à la pelle, ne se reconnaît pas . Elle chevauche une vie chaotique, au coeur de la jungle urbaine, défendant bec et ongle son tout petit bout de territoire, à peine un centimètre carré perchée sur ses talons aiguilles.
Prête pour le travail, pour les rendez-vous qui s’enchaînent, pour les bousculades du métro, pour les courses de la dernière minute, pour les incessants coups de fil, pour une manucure entre deux selfies, pour le casque de musique vissé sur les oreilles, pour la retouche make-up debout au coin d’une rue, pour se coltiner le sac cabas débordant d’accessoires en cas d’intempérie, de café renversé, pour dégainer tweets, textos et instagrams si le retard de l’autre est supérieur au sien, elle va vite, si vite qu’à peine on la remarque, déjà elle disparait.
Voici la parisienne fidèle à une seule ligne d’élégance: Celui d’un contour en ombre chinoise, les ciseaux de ses jambes coupant l’air de longs traits d’encre, celui d’un charme qu’on entrevoit sous le treillis de ses cheveux, ce regard revolver, cette feminité armée, ce moral d’acier, cette calligraphie mouvante qui signe Paris dressée comme autant de tours Eiffel qui illuminent l’horizon.
Exposition jusqu’au 28 février 2015.
Galerie Arludik, 12/14 rue Saint-Louis en L’Isle, 75004 Paris.