Woody Allen pour Firstluxe Signature

Ne comptez pas sur Woody Allen pour commémorer avec tambour et clarinette son 80ème anniversaire, le 1er décembre prochain. Notre génie du « 24 images/seconde » est en effet réfractaire aux bougies. Élève laborieux, cancre patenté à l’université, écrivain prodige à 15 ans, l’homme est allé au bout de ses rêves.

 

Pour l’état civil, vous êtes né Allen Stewart Konigsberg.  Pourquoi avoir choisi à l’âge de 15 ans  le pseudo de Woody Allen ?

Je voulais rendre hommage à Woody Herman, un célèbre clarinettiste. J’avais besoin d’anonymat, j’écrivais des textes humoristiques destinés à des périodiques de Big Apple. Un môme pas encore fini qui alimentait leurs colonnes aurait fait mauvais genre.

 

Vos parents ont-ils, à un moment où un autre, essayé de contrecarrer vos plans ?

Oui, surtout ma mère qui me privait de dessert !  Jusqu’au jour où NBC m’a embauché. J’étais passé à presque 200 dollars par semaine. Inutile de vous dire que j’avais largement de quoi m’offrir des cookies. Mon boulot consistait à écrire des gags pour des personnalités qui manquaient singulièrement d’humour. Parallèlement, ma mère continuait à vendre des fleurs et mon père à changer de job constamment. Je me sentais en décalage avec eux car je ressentais le besoin viscéral de vivre de mon art. Eux pensaient survie. Remplir le frigo.

 

La magie du cinéma, vous l’avez découvert à quel âge?

A trois ans en regardant « Blanche Neige ». Pendant des années, j’ai refusé de manger des pommes !

 

Ca se passait comment avec les filles à l’école ?

Vous vous souvenez de ce que j’écrivais dans « Zelig » ? « A sa naissance, il était tellement laid que sa mère a failli devenir antisémite ». Finalement, c’était une réplique très autobiographique. Heureusement, j’avais l’humour.

 

Quel type de femme vous attire ?

Jeune, j’avais une attirance pour les folles, les hystériques. Toutes mes petites amies avaient des cicatrices aux poignets.

 

Quelles étaient vos idoles lorsque vous n’étiez qu’un gosse de Brooklyn?

Contrairement à mes camarades je ne voulais pas ressembler à Humphrey Bogart. L’idole absolue, c’était Fred Astaire. Danseur prodigieux et acteur distingué, ce gars était la classe et la grâce incarnée.

 

Vous étiez accro au jazz ?

La musique et en particulier le jazz a marqué mon enfance. Il y a des gosses pour qui, le premier réflexe le matin, c’est de se verser des corn-flakes dans un bol. Moi, à peine sorti du lit, je mettais la radio pour écouter Cole Porter, Irving Berlin, Duke Ellington, Frank Sinatra, Benny Goodman, Tommy Dorsey ou Count Basie.

 

Pas le genre de musique qu’écoutent vos enfants ?

Non, à leurs yeux, je suis un extraterrestre. Un truc à mettre sous cloche.  Ils semblent vouer une passion pour des groupes « underground » qui brisent leurs instruments à la fin de chaque concert. Le fossé des générations probablement.

 

A part la sortie en salle de vos films, de quoi avez-vous peur ? 

Des changements ! Changer de chaussures, de grille- pain… me perturbe. Vous ne pouvez savoir à quel point j’étais désespéré, le jour où nous sommes passés du XX ème au XXIème siècle, j’étais inconsolable.

 

Pensez-vous que les petits choix sont essentiels?

 Les décisions les plus insignifiantes reviennent nous hanter ou nous gratifier de manière tout à fait disproportionnée. Nous sommes tous égaux devant la fatalité ! La vie est improbable, mon plus beau cadeau reste un remerciement en forme de livre de Mia Farrow, mon ex-femme. Je l’ai appelée pour lui dire que j’avais été touché par son geste, et pour savoir si elle aurait du temps pour déjeuner après notre si longue omerta.

 

Est-il vrai que vous ne pouvez écrire qu’à New York, dans la jungle urbaine ?

Je ne pourrais pas me passer des bruits de cette ville. A la campagne, les choses sont trop tranquilles. C’est joli trente minutes, à la rigueur une heure, mais après je deviens nerveux, je veux retourner à New York. J’aime entendre les voitures klaxonner dans les embouteillages, les sirènes de pompiers et les marteaux piqueurs pour rythmer le tout.

 

Quelle est la ville du monde que vous n’appréciez pas?

Probablement Los Angeles. En Californie, les gens ont un mode de vie radicalement différent. Prenez le climat, ensoleillé en permanence, avec une lumière frontale, terrible, affreuse, aveuglante. Je préfère définitivement la poésie des platanes, des saules, des bouleaux ou des érables à celle des palmiers et des cocotiers. Et puis, en Europe ou à New York, je  rencontre des artistes, des gens qui travaillent aux Nations Unies, des éditeurs, des politiciens. Tandis qu’à Hollywood tout le monde œuvre dans le show-biz, fait du cinéma ou de la télé. Vous allez dans un restaurant et vous pouvez être sûr qu’au bout de trente secondes, la serveuse – qui est en fait une actrice ou scénariste en transit – vient vous glisser son CV dans le menu. Je vous assure que c’est vrai !

 

Vieillir vous effraie-t-il ? »

J’ai détesté avoir 40 ans. J’ai été malade d’en avoir 50. J’ai été pétrifié lorsque j’ai passé le cap des 60 alors la perspective des 80 me glace les sangs.

 

Exigerez-vous que l’on joue de la clarinette pour vos funérailles ?

Je souhaite simplement que le gars joue juste. Il n’y a rien de pire que de réveiller un mort. Je pratique cet instrument depuis l’âge de 15 ans. C’est Gene « Honey Bear » Sedric, un proche du grand Fats Waller qui m’a enseigné les bases.

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