Ardemment attendue et furieusement commentée, la naissance de Saint Laurent est un spectacle aussi rare que savoureux. Rare, parce qu’elle signe l’heureuse rencontre de deux grands agitateurs de la mode contemporaine, M. Saint Laurent et Hedi Slimane. Savoureux, car nous assistons à une véritable période de transition au sein de la maison, ponctuée d’espoir et de renouveau.
Chez Saint Laurent, il a toujours été question de style, et non pas de ‘mode’. On reconnaît la femme Saint Laurent à son allure élégante, à son audace couplée à une délicieuse fébrilité. Lui-même arbitre de style, M. Saint Laurent savait très bien faire la différence entre ces ‘faiseurs de mode, si nombreux’ et ‘ceux qui ont imposé leur style’. Hedi Slimane fait partie de cette deuxième catégorie. Sa nomination à la direction artistique de Saint Laurent ne tient pas à sa connaissance intime des silhouettes féminines : il n’en a jamais dessiné auparavant. Ce qu’il sait créer mieux que personne, c’est une vision unique et englobante. Retour sur le commencement d’un savant exercice de style.
D’Yves Saint Laurent à Saint Laurent, il n’y a qu’un pas, et pourtant ce glissement n’est pas anodin. Très vite, des billets enflammés ont criés à l’hérésie, dénonçant une prétendue volonté de faire table rase du passé en réléguant ’Yves’ au second plan. L’incompréhension fut totale. Il était tout simplement question de renouer avec l’esprit de liberté et de rupture qui fut à l’origine de la toute première ligne de prêt-à-porter français, Saint Laurent Rive Gauche (1966). Si la référence géographique se généralise avec Saint Laurent Paris, c’est pour dépoussiérer cette idée quelque peu dépassée dans une optique d’ouverture internationale.
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