Trois mois après le départ de Raf Simons, le défilé Dior Haute Couture printemps-été 2016 s’est tenu ce lundi au Musée Rodin à Paris, sans Directeur Artistique. Une collection moderne, aux looks et aux codes très marqués par l’ADN Dior, assurée par l’équipe du studio de la Maison.
C’est définitivement une nouvelle ère qui s’annonce chez Dior. Comme à son habitude, le défilé Haute Couture printemps-été 2016 de la marque prenait place dans les jardins du Musée Rodin à Paris, ce lundi 25 janvier, dans un décor toujours aussi impressionnant : une immense galerie des glaces était installée au milieu de ces éternels jardins à la française, offrant un spectacle unique aux privilégiés venus du monde entier pour apprécier ce rendez-vous traditionnel.
Si tout semblait à son apogée, comme d’habitude, une figure essentielle manquait pourtant à ce défilé : son Directeur Artistique, Raf Simons. Provoquant la surprise dans le monde de la mode, le créateur belge avait annoncé en octobre son départ de la direction artistique de Dior. En attendant la nomination de son successeur, la collection a été réalisée par l’équipe du studio de la Maison.
Épaules dénudées, jeux de transparences, et robes décolletées : entre délicate rébellion et timide désinvolture, la nouvelle femme Dior se dévergonde.
Un « nouveau réalisme de la couture »
Des silhouettes très féminines et décontractées gambadent sur le catwalk, incarnant ce que la Maison décrit comme « un nouveau réalisme de la couture ». Une nouvelle manière de porter les vêtements, mais aussi de les construire. Bretelle tombante, manteau déstructuré, robes asymétriques : dans cette collection, aisément portable, la femme Dior s’habille avec liberté et sans apprêt.
Tous les codes de la Maison Dior sont réunis : la collection joue les variations autour du fameux tailleur « Bar » à la taille de guêpe, icône du style « New Look » de Christian Dior. Il se décline en manteaux, ou en vestes, dont les manches sont parfois allongées et fendues. Le muguet, fleur favorite du couturier fondateur, ou les insectes (qu’il appréciait tout autant), s’invitent sous la forme de broderies, accessoires ou ornements. Avant tout, ce défilé était basé sur un autre thème cher à Christian Dior : les chances et les superstitions, avec des porte-bonheur cousus à même les modèles ou présents sous forme de bijoux.
Des broderies motifs panthère, rappellent des imprimés animaliers vus lors de collections réalisées par Raf Simons, dont on retrouve notamment la touche dans la ligne épurée de robes longues.
De petites robes de soie brodées, au-dessus du genou, font contraster deux motifs, donnant l’illusion d’un ensemble jupe et haut. D’autres robes, plus « années folles« , jouent les transparences avec des fines dentelles noires et des volants.
L’objectif, c’est que ces robes, ces tailleurs, ces vestes soient portés ! La meilleure façon c’est de maîtriser le savoir-faire, a rappelé le PDG de Dior, Sidney Toledano, soulignant le talent des équipes internes.
Lèvres nude ou vermillon, bague sur chaque doigt et chignon négligé, cette néo-bourgeoise se promène dans des chaussures à talons aiguilles pointues, nouées d’un ruban noir à la cheville.
Un navire sans capitaine
Une collection couture moderne, marquée par un chic effortless à la française, révélatrice d’une transmission symbolique entre Raf Simons et la nouvelle génération de créateurs à venir.
Le candidat idéal sera « celui qui comprendra la marque, qui saura se souvenir des bases de Dior, et comprendre l’air du temps, c’est ce que Monsieur Dior avait senti d’une manière géniale en son temps, c’est ce que les autres créateurs ont apporté à cette maison« , a commenté Sydey Toledano.
À l’issue du défilé, les deux stylistes suisses à la tête du studio, Serge Ruffieux et Lucie Meier, entourés de leurs équipes, sont venus saluer. Comme à l’accoutumée, un deuxième défilé était organisé pour les clientes. Qui succèdera à la direction artistique de la Maison Dior ?
Victoria Hidoussi