Après une exposition à la galerie Marlborough de New York en juin, le talentueux photographe prend ses quartiers d’été ce 4 juillet 2018, à l’abbaye du Thoronet via le Centre des monuments nationaux ( CMN). Il choisit d’exprimer l’essentiel : le jeu entre espaces et matières, l’allongement des courbes, dans un dialogue poétique avec la lumière.
Toujours accompagné de son Minolta, Olivier Dassault dessine avec l’argentique des surimpressions, où rythme, cadre et angle en forment l’harmonie.
Ces accords graphiques abstraits dévoilent un nouvel esthétisme à l’intensité presque ésotérique, libre de toute contrainte sinon celle de la technique.
Cette délicate puissance des œuvres, inspirées par les lieux visités, offre un parfait contrepoint à la majesté et à la pureté des pierres de l’abbaye. Le spectacle qui en résulte s’articule notamment autour de totems à hauteur d’homme, les « talismans » de l’artiste.
L’exposition « Résonance » épouse ainsi l’éclat de la « merveille cistercienne » dans un parcours qui appelle autant à la sérénité qu’à la contemplation.
D’année en année, Olivier Dassault s’émancipe et se laisse guider par le quotidien à la manière des impressionnistes. Une nouvelle réalité apparaît, où l’invisible transcende le visible. Il reprend ainsi inconsciemment la pensée d’Héraclite, pour lequel « l’harmonie invisible vaut mieux que celle qui est visible».
Par ses nouvelles prospections, il capture les lignes majeures. Cette volonté s’affirme dans des séries structurées et quasi linéaires, par lesquelles il tente de saisir l’écoulement inexorable du temps au piège de sa chambre noire.
Fidèle à son Minolta XD7 et à la surimpression à la prise de vue, il modernise son approche et affirme son propre langage photographique.
Depuis plus de quarante ans, Olivier Dassault construit un travail artistique enrichi par son parcours éclectique, pour proposer une nouvelle vision du monde, où l’émotion le dispute à la sensation.
Jean-Claude Lemagny, Conservateur Général Honoraire Bibliothèque nationale de France , s’exprime sur le travail d’Olivier Dassault :
« Il est juste de dire que la photographie est l’art de la rencontre. Elle peut tout aussi bien être celui de la construction et de la maîtrise.
Dans le viseur une forme surgit. C’est un constat, mais tout autant ce peut être un appel, un élan vers d’autres formes. Ici commence la vie des formes. Renversement, dédoublement, fécondité. Du bout de l’objectif des mondes surgissent.
Ce réel qui se fait n’est plus objet de raisonnement et de pensée, sinon sur les formes elles- mêmes. Olivier Dassault les reprend en main, il fait culbuter son appareil, passant du monde tout court à celui de l’imaginaire.
Ainsi la photographie se révèle comme touchant à la fois aux extrémités de l’art. Toucher la vérité des choses, là devant, et dévoiler ce qui monte des profondeurs de nous-mêmes.
Les images d’Olivier Dassault nous frappent en premier lieu par leur diversité. C’est qu’elles correspondent à différentes directions de la recherche plastique.
D’abord Olivier Dassault est un compositeur, c’est-à-dire un bâtisseur d’harmonies visuelles.
L’artiste court-circuite l’interprétation et va droit à la forme. « Je veux peindre la virginité du monde » disait Cézanne. Cependant le malheur veut que lorsque nous parlons d’art, et en particulier de photographie, nous nous mettons à parler d’autre chose, en oubliant qu’il s’agit avant tout de formes et couleurs.
Autrement plus intéressant est de parler ici de musique. Car il ne s’agit plus alors de comparaison mais de présence. Olivier Dassault est aussi musicien. Mais s’il ne l’était pas, il le serait malgré tout ici, dans ses tableaux photographiques. Lorsqu’Alfred Stieglitz réalisa sa géniale série des Equivalents, images de nuages, afin de prouver que la photographie pouvait transmettre autre chose que des informations, il osa dire : « Quand mon ami Bloch, le musicien, verra ces images il dira « Musique… Musique! ». Et c’est exactement ce qui se produisit. Bloch regarda et murmura : « Musique… Musique ».
L’œuvre photographique d’Olivier Dassault est une œuvre en exploration. Le Bateau Ivre de Rimbaud anticipe sur l’aviation, si proche d’apparaître. Quête éperdue !
« J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur. »
Entre les assemblages de charpentes qui structurent l’espace et les trous noirs qui nous entraînent dans leur vertige, l’œuvre d’Olivier Dassault est un combat visuel qui nous mène aux confins du visible. «
A admirer en juillet et aout 2018 au Centre des monuments nationaux Abbaye du Thoronet, D 79, 83340 Le Thoronet. Tél : 04 94 60 43 96.
Jusqu’au 30 septembre : Ouvert de 10h00 à 18h30 (le dimanche de 10h00 à 12h00 et de 14h00 à 18h30) Plein tarif : 8 € Tarif réduit : 6 €