Le 10 juillet 2025, les éditions Phaidon publient Yves Saint Laurent et la photographie, un ouvrage aussi élégant que documenté qui explore la relation intime entre le grand couturier français et les maîtres de la photographie du XXe siècle. Pensé comme un prolongement éditorial de l’exposition éponyme présentée aux Rencontres d’Arles (du 7 juillet au 5 octobre 2025), ce livre témoigne de plus de quarante années de création et d’images qui ont façonné, à parts égales, la mode et la photographie modernes.
Fruit d’un travail collectif mené par l’équipe du Musée Yves Saint Laurent Paris, le catalogue s’impose déjà comme une référence visuelle et historique. Il rassemble pas moins de 145 photographies, en couleur et en noir et blanc, issues pour la plupart des archives de la Maison Saint Laurent. Certaines sont connues, devenues iconiques ; d’autres sont inédites. Toutes révèlent une facette d’Yves Saint Laurent, de son univers et de son obsession pour l’image parfaitement maîtrisée.
Parmi les signatures figurent des légendes de l’objectif : Richard Avedon, Irving Penn, Helmut Newton, Sarah Moon, Juergen Teller, Annie Leibovitz, David Bailey… Chaque cliché est une rencontre entre un regard et une silhouette, entre un style et une époque. La mode y devient langage, la photographie, mémoire.
Un regard construit, maîtrisé, incarné.

Yves Saint Laurent n’était pas seulement un génie du vêtement. Il était aussi un esthète du cadre, conscient très tôt de l’importance de l’image dans la construction de son œuvre et de sa légende. Dès 1957, lorsqu’il devient directeur artistique de la maison Dior à seulement 21 ans, il est photographié comme un jeune prodige. Puis, au fil de sa propre carrière, il collabore étroitement avec les photographes, qu’il choisit, oriente, inspire.
« La vie et l’œuvre d’Yves Saint Laurent s’entremêlent maintes fois avec ce que l’on appelle l’âge d’or de la photographie », souligne Madison Cox, président de la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent et co-préfacier du livre. Ce lien profond, presque organique, est exploré dans les textes de Simon Baker, Elsa Janssen, Serena Bucalo-Mussely, Alice Morin et Clémentine Cuinet, qui replacent les clichés dans leur contexte artistique, culturel et personnel.
Des images pour raconter une vision du monde
Au fil des pages, le lecteur découvre non seulement des vêtements mais des histoires. Des portraits intimistes, des compositions flamboyantes, des scènes prises en studio ou dans des décors inattendus. On y voit Audrey Hepburn habillée d’un boléro sculptural hommage à Mondrian, Kate Moss en haut à pois photographiée par Juergen Teller, ou encore Mounia Orosemane en mariée violette entourée d’enfants sombres dans un décor de mode aussi poétique qu’inattendu.

haute couture automne-hiver 1965 dite « hommage a Piet Mondrian » .
Crédit photo : © Yves Saint Laurent © Jeanne Lanvin-Castillo © Peter
Knapp. (page 149, à droite)

Chaque image rend hommage à la maîtrise du couturier, à son audace formelle, à sa capacité à faire dialoguer mode, art, cinéma, histoire, peinture. Comme le résume Christoph Wiesner, co-préfacier et directeur des Rencontres d’Arles : « Yves Saint Laurent alliait la rigueur tranquille d’un Irving Penn à la frénésie lumineuse d’un William Klein. »
Un livre et une exposition en miroir
Yves Saint Laurent et la photographie paraît en librairie, trois jours seulement après l’ouverture de l’exposition éponyme aux Rencontres d’Arles, événement majeur de la photographie contemporaine. Présentée jusqu’au 5 octobre 2025, cette exposition co-produite avec le Musée Yves Saint Laurent Paris met en lumière les images du livre dans un accrochage immersif.

Avec l’aimable autorisation de la Louise Alexander Gallery. © Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent (pages 76-77)

Le dialogue entre le livre et l’exposition est total : les deux projets ont été conçus simultanément. Le catalogue, relié, élégant, de grand format (248 x 312 mm), comporte 160 pages. Il s’adresse à un large public : passionnés de mode, collectionneurs de photographies, curieux d’histoire culturelle. Un superbe objet de transmission, qui interroge les liens entre deux disciplines et la manière dont un créateur a su orchestrer sa propre image.
Un hommage sensible et érudit
Ce livre n’est pas qu’un florilège visuel. Il est aussi une réflexion sur le rôle de la photographie dans le processus de création, de diffusion et de mémoire. Yves Saint Laurent comprenait mieux que quiconque que l’image fixe pouvait prolonger l’élan du tissu, capter un mouvement, figer une émotion. Il ne s’agissait pas de marketing, mais de langage artistique, profond, durable.

avenue Marceau, Paris. Robe de mariée portée par Laetitia Casta,
collection haute couture printemps-été 2000, janvier 2000. Crédit photo :
© Yves Saint Laurent © Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent
(page 145, en bas à droite)
Au-delà du couturier, c’est un regard que ce livre célèbre. Celui d’un homme discret, exigeant, curieux, qui voyait dans chaque photo l’occasion d’exprimer une idée, un rêve, une femme. Yves Saint Laurent et la photographie en devient le miroir, à la fois poétique et rigoureux. Prix : 59,95 €. www.phaidon.com