L’exposition « L’oeil de Roger Corbeau » met le photographe de cinéma à l’honneur

La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé célèbre, du 23 octobre 2025 au 31 janvier 2026, Roger Corbeau (1908-1995), photographe de cinéma hors pair, dont le regard a façonné un demi-siècle d’images. Plus de 120 tirages originaux issus de son fonds d’archives, accompagnés de documents personnels, affiches et extraits de films – redonnent vie à celui qui fit de la photo de plateau un art à part entière, dans l’exposition « L’œil de Roger Corbeau : Photographies de cinéma ».

Exposition L’œil de Roger Corbeau : Photographies de cinéma. Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
Exposition L’œil de Roger Corbeau.  Roger Corbeau sur le tournage de La Femme et le Pantin; son tabouret, son manteau et son matériel photographique.

Né à Strasbourg, Corbeau monte à Paris en 1932 « avec l’idée fixe de faire du cinéma , d’approcher les comédiens ». Accessoiriste chez Marcel Pagnol, il passe derrière l’appareil et ne le quittera plus. Très vite, son talent s’impose : de Toni de Jean Renoir à Violette Nozière de Claude Chabrol, il collabore à plus de 160 films. Avec son œil attentif et sa rigueur presque obsessionnelle, il ne se contente pas de capturer un instant : il raconte le film, en compose la respiration et les silences. Ses clichés, entre tension dramatique et précision esthétique, deviennent des prolongements du récit.

Tournage de De Mayerling à Sarajevo (Max Ophüls) © 1940 Gaumont © Photo Roger Corbeau

La guerre marque une parenthèse brutale. Persécuté en tant que juif, il se cache avant de rejoindre le maquis. À la Libération, il retrouve les plateaux, d’abord avec Raymond Bernard puis avec Jean Cocteau, dont il épouse la sensibilité poétique. Avec Robert Bresson, Jean Grémillon, Julien Duvivier ou Orson Welles, Roger Corbeau affine une véritable « grammaire des formes » : silhouettes sculptées, contre-plongées audacieuses, visages habités par la lumière… qui identifient immédiatement son style.

Romy Schneider, Le Procès (Orson Welles) © 1962 – Paris-Europa Productions – Hisa Films – FICIT © Photo Roger Corbeau

Maître du noir et blanc, il explore aussi la couleur grâce au procédé Ektachrome, jouant sur les contrastes et les teintes acidulées. Son objectif révèle la grâce d’un regard ou la vibration d’une peau, qu’il s’agisse de Bardot ( sublissime !) , Darrieux, Gabin, Marais, Sophia Loren ou des jeunes Isabelle Huppert et Jodie Foster. « Pour chaque film, il faut former une série de portraits des principaux personnages de l’histoire comme s’il s’agissait d’un album de famille. (..) Un portrait réussi est le triomphe de la nuance, du détail », affirmait-il.

Jean Marais, tournage d’Orphée @ Photo Robert Corbeau

Précis, exigeant, Corbeau ne photographiait pas un tournage, il le rêvait. À la Fondation Pathé, son œuvre, injustement absente des cimaises depuis trente ans, retrouve la lumière. Un hommage vibrant à celui qui fit dialoguer cinéma et photographie avec une intensité rare. Un bonheur pour les cinéphiles !

L’œil de Roger Corbeau : Photographies de cinéma. Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

Exposition L’œil de Roger Corbeau : Photographies de cinéma.  Commissariat : Isabelle Champion et Stéphanie Salmon. Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, 73 avenue des Gobelins, Paris 13e. Tarifs : Billet couplé 1 séance de cinéma + accès aux espaces d’exposition : Tarif plein : 7 € ; Tarif réduit : 5,50 € ; Moins de 14 ans : 4,50 € Carte 5 places (valable 3 mois) : 20 €. Horaires : Mercredi et jeudi 14h/ 19h Mardi et vendredi 14h/ 20h30 Samedi 11h30/19h.  www.fondation-jeromeseydoux-pathe.com

En une : Brigitte Bardot, La Femme et le Pantin (Julien Duvivier) © 1958 – Pathé Films – Studiocanal © Photo Roger Corbeau

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