Le 31ᵉ Prix de Flore a été attribué, ce mercredi 5 novembre, à Rebeka Warrior pour son premier roman, Toutes les vies, publié aux Éditions Stock. Le jury, réuni comme chaque année au mythique Café de Flore, à Saint-Germain-des-Prés, a couronné l’artiste au premier tour, par sept voix contre deux à Anthony Passeron et deux à Fabrice Pliskin.
Ce texte, salué pour sa force émotionnelle et son écriture sans fard, est un chant d’amour et de survie. Rebeka Warrior, de son vrai nom Julia Lanoë, y raconte la disparition de Pauline, sa compagne, morte d’un cancer à seulement 36 ans. À travers une langue à la fois brute, poétique et spirituelle, elle explore les abîmes du deuil, les métamorphoses du chagrin et la lente reconquête du vivant.
Selon son éditeur, Toutes les vies est « le récit d’un amour sublime, d’un deuil impossible et d’une quête spirituelle qui sauve ».
Une artiste plurielle, entre fureur et douceur
Connue depuis les années 2000 pour son parcours dans la scène électronique, Rebeka Warrior n’est pas une inconnue du monde artistique. Diplômée des Beaux-Arts de Nantes, elle s’est d’abord fait un nom au sein du duo Sexy Sushi, formé avec Mitch Silver (alias Riton La Mort), avant de révéler une facette plus mélancolique et mystique avec Mansfield.TYA, qu’elle fonde avec Julia Cadoux.
Plus récemment, elle s’est associée au producteur Vitalic pour créer Kompromat, projet techno aux sonorités sombres et galvanisantes.
Avec Toutes les vies, l’artiste franchit un nouveau seuil : celui de la littérature. Elle y transpose la même intensité que dans sa musique, une écriture directe, pulsée, parfois crue, toujours habitée. Ce premier roman, à la fois intime et universel, témoigne d’une transformation par l’art, où la douleur devient matière à création. « Écrire a été une manière de rester vivante », confiait-elle récemment.
Un prix emblématique de la liberté littéraire
Créé en 1994 par Carole Chrétiennot, co–dirigeante du Café de Flore et du célèbre écrivain Frédéric Beigbeder, le Prix de Flore récompense chaque automne un écrivain francophone au talent singulier, impertinent et prometteur. L’esprit du prix, fidèle à son lieu de naissance, le légendaire Café de Flore, repaire des existentialistes et des noctambules parisiens, reste celui de la liberté, du panache et du goût pour les écritures hors normes.
Le lauréat reçoit un chèque de 6 150 euros, mais surtout un verre gravé à son nom, symbole de son appartenance à la grande famille du Flore. Il pourra, tout au long de l’année, y boire chaque jour un Pouilly-fumé, offert par la maison, comme le veut la tradition.
Cette édition 2025 confirme l’exigence d’un jury qui aime dénicher des voix originales. Présidé par Frédéric Beigbeder, il réunit Carole Chrétiennot, Jacques Braunstein, Michèle Fitoussi, Philippe Vandel, François Reynaert, Bertrand de Saint-Vincent, Christophe Tison, Jean-René van der Plaetsen et Arnaud Viviant. Rebeka Warrior succède ainsi à Benjamin Stock, lauréat 2024 pour Marc (Rue Fromentin), et rejoint un palmarès prestigieux où figurent Michel Houellebecq, Grégoire Bouillier, Virginie Despentes, Monica Sabolo, Aurélien Bellanger ou encore Christine Angot.
Une soirée sous le signe de la fête et de la création
La cérémonie de remise du prix, suivie d’une soirée animée au Café de Flore, a rassemblé de nombreuses personnalités du monde littéraire, artistique et médiatique. Dans une ambiance joyeuse et électrisante, les convives ont célébré la victoire de Rebeka Warrior en se régalant des spécialités de la Maison, puis au rythme du DJ star Martin Solveig.
Partenaire fidèle du prix, la Maison de Champagne Louis Roederer accompagnait l’événement. Son Président Directeur Général, Frédéric Rouzaud, a rappelé l’importance de cet engagement de longue durée : « Ces deux décennies aux côtés du Prix de Flore sont pour notre Maison une manière d’exprimer notre attachement à la création sous toutes ses formes et notre souhait de l’accompagner dans la durée. À l’orée des 250 ans de la Maison Louis Roederer, c’est une joie réelle d’être en complicité avec un jury qui, au fil du temps, n’a jamais perdu de son impertinence ni de sa liberté. »
Une récompense pour une écriture vivante et viscérale
Avec Toutes les vies, Rebeka Warrior s’impose non seulement comme une figure majeure de la scène électro, mais désormais comme une autrice à part entière, capable de faire dialoguer le verbe et la musique, la chair et la transcendance. En honorant cette œuvre vibrante, le Prix de Flore consacre une artiste totale, fidèle à l’esprit du prix : insolente, libre, et profondément humaine. A l’année prochaine !
www.prixflore.fr Le Café de Flore, 172 bd Saint-Germain, Paris 6è. Tél : 01 45 48 55 26. www.cafedeflore.fr
