Avec Le Monde d’André Ostier, Photographe du Tout-Paris, Thierry Coudert signe bien plus qu’un simple livre de photographies : c’est un voyage au cœur d’un Paris disparu, celui des années 1940-1950, où se mêlaient élégance, créativité et effervescence mondaine. Figure discrète mais essentielle de la photographie française du XXᵉ siècle, André Ostier fut l’un des témoins privilégiés de cette époque où l’art, la mode et la société dansante se répondaient en miroir.
Né en 1906 à Paris, Ostier s’impose d’abord comme collectionneur et chroniqueur d’art avant de se consacrer à la photographie après la Seconde Guerre mondiale. Très vite, il devient le confident visuel du « Tout-Paris ». Son objectif capte avec délicatesse les visages et les atmosphères d’un monde raffiné : Salvador Dali et Léonor Fini, Jean Cocteau, Louise de Vilmorin, Marie-Laure de Noailles, les Windsor, ou encore Elsa Maxwell. Entre artistes et aristocrates, il immortalise les bals, les dîners et les ateliers d’artistes, restituant tout un art de vivre disparu, où le chic parisien s’alliait à une liberté créative rare.

Célébré pour réussir à capter l’âme de ses sujets, André Ostier a photographié des artistes tels qu’Alberto Giacometti, Joan Miró, Georges Braque ou Alexander Calder. Personnage « distant, discret, précis », Ostier était également proche des grands couturiers, des écrivains et des mécènes de son époque. Parmi ses amis figuraient Christian Dior, Marc Chagall, Leonor Fini ou encore Max Jacob. Peu d’artistes majeurs n’ont pas été photographié. Ostier orientait son objectif avec une admiration sincère et une exigence artistique sans compromis.

Cet ouvrage de 208 pages, riche de 270 clichés, met en lumière une œuvre longtemps restée dans l’ombre. Thierry Coudert, auteur de Café Society et Les Scrapbooks du baron de Cabrol, y déploie une écriture élégante et précise, nourrie de sa passion pour les destins mondains et les atmosphères proustiennes. Il dresse un portrait sensible d’un photographe à la fois témoin et acteur de son temps, dont le regard, tout en retenue, capte la grâce des visages et l’esprit d’une époque.

À travers ces images, se révèle un monde que la guerre avait ébranlé mais qui renaissait dans une soif de beauté et de fête. Ostier y saisit les derniers éclats d’une société brillante avant l’avènement d’une modernité plus franche. Sa photographie, intemporelle, oscille entre reportage et poésie ; elle dit la légèreté, l’humour, mais aussi la mélancolie d’un Paris qui s’efface.

Avec ce livre publié aux Éditions Gourcuff Gradenigo, Thierry Coudert rend un hommage nécessaire à un artiste trop longtemps oublié, aussi inspiré que Cecil Beaton, Robert Doisneau ou Cartier-Bresson. Le Monde d’André Ostier n’est pas seulement un recueil d’images : c’est une plongée sensible dans la mémoire visuelle d’un demi-siècle, un hymne à la beauté fugitive et à l’art de vivre à la française.



La Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence, lui a dédié en 2025 une exposition exceptionnelle : André Ostier, un photographe et des artistes. Exposition, rendue possible grâce à la précieuse collaboration de l’Association des Amis d’André Ostier, s’inscrit dans une volonté de mieux faire connaître le talent de ce témoin privilégié des cercles artistiques et culturels du XXe siècle.
Le monde d’André Ostier. Photographe du Tout-Paris par Thierry Coudert, Editions Gourcuff Gradenigo, 49 €. www.gourcuff-gradenigo.com

